Sélection d’articles sur les addictions (octobre 2013)

dernièrespubliascoEn partenariat avec Ascodocpsy, nous vous proposons de découvrir notre dernière sélection d’articles ayant pour thème les addictions.

Ces documents peuvent être consultés au centre de documentation de l’hôpital Marmottan.

Télécharger le Bulletin de nouveautés biblio – octobre 2013

Médiatrice de santé à Marmottan : faciliter la parole et l’accès aux soins

Basée dans le service de l’hôpital Marmottan, à Paris, Hélène, médiatrice de santé, vous accueille pour vous écouter, vous orienter et vous accompagner dans vos démarches de soins.

Horaires :
Sans rendez-vous :

  • Lundi : 11h – 17h30
  • Mardi : 11h – 17h30
  • Jeudi : 12h – 17h30
  • Vendredi : 11h – 17h30
  • Fermé le mercredi

La médiation en santé, c’est quoi ?

Il existe plusieurs types de médiation : la médiation pour résoudre des conflits, la médiation sociale et la médiation en santé.

La médiation en santé est assurée par une personne de confiance, compétente et formée à la fonction d’information, d’orientation et d’accompagnement.

Proche du patient, elle facilite l’accès :

  • aux droits,
  • à la prévention,
  • au soin.

Elle crée du lien entre l’offre de santé et une population qui éprouve des difficultés à y accéder.

Les missions de la médiatrice

Accès au droit et au soin

La médiatrice apporte son écoute, son soutien moral au patient, dans le cadre d’un échange convivial.

Elle effectue un suivi individuel. Elle explique au patient le fonctionnement de l’hôpital et lui détaille ses droits.

Au cœur d’une équipe pluridisciplinaire, elle s’intègre dans le parcours du patient, sans se substituer à qui que ce soit.

Elle évalue les problématiques individuelles, suit la prise en charge et la coordonne avec les autres soignants. Par exemple, si le patient éprouve des difficultés sociales, elle va l’accompagner auprès des assistants sociaux. S’il s’agit d’un problème somatique, elle va le présenter aux médecins. En cas d’hospitalisation en hôpital général, elle peut l’accompagner physiquement sur place, dans la structure ou auprès de l’administration.

Prévention et promotion de la santé

A la demande, la médiatrice peut répondre aux questions sur le sida, les hépatites, les abcès, les différents problèmes de santé que peuvent provoquer l’injection.

Partenariat

La médiatrice met en réseau les institutions, les professionnels et le public. Elle est une interface entre les différents acteurs du soin, créant des passerelles entre le patient et des médecins compétents, capables de prendre en charge un patient toxicomane comme n’importe quel citoyen, avec respect et sans jugement. Grâce à son action, l’accès au soin sera aussi plus rapide.

Elle peut également aider à mettre en place des services d’aide à domicile (portage de repas par exemple)

Quelques remarques sur le jeu excessif et les addictions sans drogues

par Docteur Marc Valleur, médecin chef du Centre médical Marmottan.

La venue au centre Marmottan de M. le ministre du Budget est un signal fort, dont les soignants ne peuvent que se réjouir, puisqu’elle démontre une volonté politique de prise en compte de la dimension potentiellement addictive des jeux d’argent et de hasard. C’est un signal d’autant plus fort qu’il eût été difficile de l’imaginer il y a seulement quelques années, lorsque l’idée de regrouper le jeu pathologique parmi les addictions, au côté de l’alcoolisme, du tabagisme, des toxicomanies, avait du mal – mais c’est toujours un peu le cas lorsqu’il s’agit de jeu – à être prise au sérieux.

Il est de fait temps que la France prenne la mesure du problème et que se construise une véritable politique des jeux, qui tienne compte du phénomène de société que constitue l’extension de l’offre de jeux, des changements apportés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, mais aussi de la dimension sanitaire induite par cette évolution.

Les quelques trop rares équipes qui ont commencé à recevoir des joueurs compulsifs, « pathologiques », excessifs, savent la quantité de souffrance que représente cette addiction, pour les joueurs concernés, mais aussi pour leur entourage.

C’est pourquoi, malgré toutes les discussions et querelles d’experts quant au statut des « addictions sans drogues », quant à leur homologie totale avec les toxicomanies ou l’alcoolisme, personne ne songe à nier cette dimension de souffrance, ni la nécessité d’y apporter des réponses, qui doivent comporter un volet sanitaire.

L’expertise collective de l’INSERM aura été la première manifestation d’une volonté de prendre en compte les souffrances liées au jeu excessif, et elle doit être suivie de la première enquête épidémiologique sur le sujet, menée par l’OFDT en collaboration avec l’INPES.

Reste à construire un réseau qui apportera des réponses concrètes en termes de prévention, d’information, et de soins.

La promotion de la notion de « jeu responsable » a été décidée, elle aussi, assez récemment, puisqu’on peut la dater de la création du COJER en 2006.

Cette notion implique une inflexion importante des discours, et de la politique en matière de jeu, jusque là fondée sur une forte canalisation de l’offre, liée à une prohibition millénaire, d’origine religieuse, puis morale.

Ce cadre prohibitionniste n’était pas une absence de politique : les contraintes d’une prohibition, ou d’un certain degré de prohibition, sont dans certains cas le prix qu’une majorité accepte de payer, par solidarité avec les personnes les plus à risque, qui seraient les victimes d’une libéralisation brutale.

Mais remettre en cause ce cadre est cependant justifié par la nécessité de canaliser une offre déjà plus que présente sur Internet. Surtout, l’augmentation très importante de l’offre, évidente depuis 1990, l’évolution qualitative de cette offre, avec la part croissante des « jeux de sensation » par rapport aux « jeux de rêve », finirait par rendre peu crédible un régulateur trop étroitement lié aux opérateurs.

Le projet de loi porte sur un aspect très partiel de l’offre ludique, les paris hippiques et sportifs, ainsi que le poker sur Internet, mais il représente un changement considérable : il s’agit bien aujourd’hui de construire une véritable politique du jeu, dont la prise en compte de la dimension addictive doit être un élément.

Le jeu responsable ne peut simplement signifier que chaque individu sera responsable de sa conduite, face à une offre totalement libre : la responsabilité doit être entendue comme partagée entre les joueurs, les opérateurs, et le régulateur.

On ne peut que souhaiter que les débats soient à la hauteur de l’enjeu : à travers les modes de régulation du jeu, c’est tout un style de société qui se reflètera.

Ces débats sont en quelque sorte une chance unique, qui ne se représentera pas de sitôt, de poser des questions fondamentales en matière d’addictions, avec ou sans drogues.

Une politique de jeu responsable implique une prise en compte de la « pyramide du risque », où l’on voit qu’une partie – la plus importante – de la population joue sans excès et sans dommages. Où la partie « malade », les joueurs pathologiques qui relèvent de soin, ne constituent qu’une petite minorité de l’ensemble des joueurs, sans doute de l’ordre d’un peu moins de 1% de l’ensemble de la population.

Mais il ne faut pas oublier qu’entre ces deux pôles existent tous les problèmes d’abus, de dérapages plus ou moins ponctuels, de pertes de contrôle passagères, qui s’avèrent lourdes de conséquences pour les individus comme pour la société.

La population dans son ensemble doit bénéficier d’une information claire et objective sur le jeu et ses conséquences. Certaines populations vulnérables (les jeunes, les personnes âgées, les pauvres, etc.) doivent bénéficier de mesures d’information et de prévention adaptées. Les joueurs qui manifestent des tendances à l’excès doivent pouvoir être avertis, alertés, avant de se mettre dans des situations irréparables. Les mesures consacrées au crédit sont par exemple ici tout à fait importantes. Et, bien sûr, les joueurs « addicts » ou dépendants doivent pouvoir être reçus dans des centres par des équipes compétentes et formées, et ce devrait être logiquement inscrit dans la mission des futurs CSAPA, qui devraient bénéficier, pour cela, des moyens nécessaires : s’il est bien de doter la prévention par un prélèvement sur les revenus des jeux, il est aussi indispensable que le dispositif de soin en bénéficie.

Mais un tel schéma ne doit pas être conçu comme une simple réponse technique à un problème de santé publique. Les addictions ne sont pas des maladies comme les autres, et, toutes, relèvent d’une dimension politique au sens le plus noble du terme.

C’est pourquoi des tâches importantes attendent la future autorité de régulation des jeux en ligne, mais aussi le futur conseil consultatif des jeux. On peut souhaiter que celui-ci regroupe des représentants des différentes parties prenantes, y compris des défenseurs de la liberté de jouer, et des adversaires des jeux d’argent, qui ont, tous, des arguments à faire valoir. A l’appui de recherches sur le jeu pathologique, mais aussi sur les évolutions du jeu « normal », il pourrait alors devenir l’initiateur d’une politique innovante dans le domaine des addictions.

Décès du Professeur Claude Olievenstein

Claude Olievenstein

Claude Olievenstein

Le professeur Claude Olievenstein, fondateur du centre Marmottan pour le traitement des toxicomanes à Paris, s’est éteint ce dimanche 14 décembre, dans la capitale, à l’âge de 75 ans.

« Olive », le fondateur de Marmottan, « le Professeur Olievenstein » connu de tous, a été psychiatre, chef de service, professeur associé en anthropologie à l’université de Lyon, et directeur de recherches en ethnopsychiatrie et anthropologie médicale.

Né à Berlin en 1933, l’année même de la prise du pouvoir par Hitler, Claude Olievenstein est très tôt confronté aux problèmes du racisme et de la persécution des minorités. Réfugié avec sa famille en France pour fuir le nazisme, il y connaît les affres de l’Occupation.

Après un passage aux Jeunesses communistes, dont il est finalement exclu, il devient un des dirigeants de l’Union des étudiants juifs de France : à travers le judaïsme, Olievenstein se posera toujours la question du sens ou du non-sens de l’histoire, celle de la définition de la liberté, et du devoir de révolte devant les injustices. Toujours méfiant envers les ordres établis, il s’intéresse, pendant des études de médecine qu’il qualifie lui-même de « médiocres », aux groupuscules et à la marginalité. Ces préoccupations demeurent au premier plan lorsqu’il devient médecin-chef des hôpitaux psychiatriques en 1968.

Il s’inscrit dans une vision critique selon laquelle les psychiatres ne doivent pas être des « chiens de garde de la société », et est influencé par les mouvements de contre-culture, notamment californiens.

C’est une réflexion sur ces mouvements qui l’amène à se pencher sur le problème des toxicomanes en tant que marginaux, à la fois révoltés et en souffrance. Selon l’approche qu’il développe, le toxicomane est « à la fois malade et non malade », dépositaire d’une expérience qui doit être abordée comme éventuellement positive ; une place importante est ménagée, dans cette approche, à l’éprouvé, au plaisir et à la mémoire de ce plaisir.

olievenstein medlay

Fondateur en 1971, du Centre médical Marmottan (Centre expérimental d’accueil, d’orientation et de soins pour toxicomanes non alcooliques), il le définit comme une sorte de sas entre la société « normale » et tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent y participer.

Très vite fut créé, en liaison avec Marmottan, tout un appareil institutionnel qui, travaillant selon la même éthique, contribua à constituer l’école « française » des toxicomanies. Cette école pourrait être caractérisée par le refus des réductionnismes et du scientisme. Elle est basée sur la reconnaissance de l’importance de l’intersubjectivité et sur la prise en compte de la nécessité d’un abord complexe, la toxicomanie étant considérée comme résultant d’une rencontre entre une personnalité, un produit, et un moment socio-culturel.

Marmottan est aujourd’hui reconnu au niveau international comme un centre de référence de cette approche française.

Au quotidien, cette approche se traduit par le primat de la relation humaine sur les aspects plus techniques des traitements, qu’il s’agisse de psychothérapies instituées ou de pharmacologie.

Auteur prolifique et médiatique, personnage charismatique et discuté, Claude Olievenstein a irrité autant que fasciné les politiques et les scientifiques : au niveau politique, il a, durant des années, à la fois rendu bien des services en occupant le devant de la scène sur toutes les questions de drogue, mais aussi souvent en dénonçant l’absence de politique de la jeunesse, ou la persécution des « drogués »… Médecins, psychiatres, psychanalystes, ont du mal à la classer dans une école précise, du fait de son absence d’allégeance à une chapelle, et du polymorphisme de son œuvre.

Cette œuvre entremêle en effet les travaux scientifiques (il a publié plus de 125 articles scientifiques dans des revues médicales, psychiatriques, ou de sciences humaines), les ouvrages destinés au grand public (le succès de Il n’y a pas de drogués heureux, 1977, fut considérable) et des ouvrages de réflexion phénoménologique qui débordent le cadre de la toxicomanie pour étendre à la condition humaine les réflexions issues de la clinique.

Dans ces textes, il n’hésite pas à s’exposer en tant que personne, avec ses doutes, ses ambiguïtés, ses certitudes.

Le dernier exemple en fut Naissance de la vieillesse : frappé très tôt par les signes d’une forme grave de maladie de Parkinson, il étendit ses réflexions au vieillissement et au déclin, avec une liberté de pensée et de ton parfois proche de la naïveté, mais surtout une lucidité aussi exemplaire que douloureuse.

Bibliographie (sélective) :

Ecrits sur la toxicomanie. Paris : Ed. Univ., 1973. A été traduit en espagnol

Il n’y a pas de drogués heureux. Paris : Robert Laffont ; Opéra Mundi, 1977. A été traduit en portugais (Portugal et Brésil), en espagnol, en serbo-croate

La drogue (suivi de) écrits sur la toxicomanie. Paris : Ed. Univ., 1978

Mes tables de fête : 91 restaurants parisiens. Paris : Ramsay, 1979

La vie du toxicomane : Séminaire de l’Hopital Marmottan. Paris : PUF, 1982. A été traduit en grec, en portugais, (Brésil), en espagnol, en italien

Destin du toxicomane. Paris : Fayard, 1983. A été traduit en italien, en portugais (Brésil)

La drogue ou la vie. Paris : Robert Laffont, 1983

La clinique du toxicomane. Paris : Ed. Univ., 1987. A été traduit en portugais (Brésil).

Le non-dit des émotions. Paris : Ed. O. Jacob, 1988. A été traduit en portugais (Brésil), en italien

L’homme parano. Paris : Editions Odile Jacob, 1992

De la neige plein les veines. Paris : Editions Saint-Germain-Des-Prés, 1994

Ecrit sur la bouche. Paris : éd. Odile Jacob, 1995

Naissance de la vieillesse. Paris, Odile Jacob, 1999 (A été traduit en italien)

Partager l’essentiel Saint-Jean-de-Braye, Dangles, 1999

La drogue, 30 ans après Paris, Odile Jacob, 2000

Comme un ange cannibale. Drogue, adolescents, société Paris, Odile Jacob, 2002

Toxicomanie et devenir de l’humanité Actes du 30ème anniversaire de Marmottan, Paris, Odile Jacob, 2001